Gabon : Le pollueur récidiviste Perenco ou règne sans fin de l’impunité ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 04 juil 2024 / 0 commentaire(s)

 

Au Gabon, s’il y a des compagnies pétrolières qui ont fait de la pollution un projet social, Perenco en est numéro 1 et compte y rester. Malgré les cris de détresse des populations environnantes, les multiples plaintes, les  alertes des associations écologistes nationales et internationales et les grèves des employés, Perenco ne lâche pas prise : elle poursuit impunément son programme de pollution de masse, mettant en danger la vie des populations et des employés. 

A part la pollution qui est son activité principale, à côté de l’assèchement du pétrole du Gabon, Perenco SA s’illustre dans la maltraitance et le non-respect des travailleurs. En effet, le 7 juin dernier, George Mpaga, un acteur engagé et leader de la société civile, annonçait que sur la plateforme pétrolière et gazière d’Étimboué, les employés sont rentrés en grève générale sur le site de Batanga, avec arrêt des activités et l’observation d'un service minimum.

Les revendications portées à l'attention de Perenco et de ses prestataires affiliés portent, entre autres, sur « les conditions de travail précaires et misérables qui constituent des actes ignobles. En somme, de l'esclavage moderne. Les violations permanentes de la législation gabonaise sur le régime du travail dans le secteur pétrolier (contrats de travail aléatoires, généralement des CDD d'un mois renouvelables, à Perenco ces CDD peuvent de 10, 15, 20 ans). Les cotisations sociales et salariales ne sont pas reversées à la CNSS ni à la CNAMGS. Malgré les dépôts des mémorandums de revendications de ces personnels indispensables à notre économie et éléments vitaux pour notre production pétrolière et gazière, Perenco et ses prestataires de services affichent une attitude d'entreprises coloniales et esclavagistes, promoteurs affirmés du travail au noir. Ces derniers refusent d'écouter et de s'asseoir sur une table de négociation pour régler les problèmes et répondre aux attentes des travailleurs », s’indignent les salariés. 

Quant à la pollution, Perenco est sans aucun doute un pollueur récidiviste. Depuis plusieurs années, la sonnette d'alarme est tirée sans que Perenco ne daigne respecter le protocole environnemental exigé à toute compagnie pétrolière. Du 10 au 16 octobre 2020, le Réseau des organisations libres pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG), en inspection dans la province de l’Ogooué-Maritime, avait pondu un rapport de mission décrivant un drame écologique causé par la pollution de masse de Perenco.

« Depuis 2012, année durant laquelle une pollution à grande échelle avait été constatée dans la lagune Nkomi, avec des dégâts environnementaux inestimables, les problèmes de pollution provoqués par les activités de Perenco se sont accrus », souligne le rapport, qui a répertorié plusieurs sites de pollution. De plus, les plaintes et dénonciations se sont multipliées. 

A Port-Gentil, le 14 janvier 2021, le ROLBG porte plainte à Perenco pour, entre autres motifs, « Violation de la loi 007/2014 relative à la Protection de l’environnement en République Gabonaise ; pollution et dégradation des rivières et lagunes, par les hydrocarbures ; pollution et dégradation des écosystèmes maritimes et terrestres ; pollution et dégradation de la flore et des ressources halieutiques ». 

En outre, en 2022 une autre plainte contre Perenco est déposée pour pollution à grande échelle à Moba, à 15 kilomètres d’Omboué. 

Enfin, un autre dossier est actuellement pendant au tribunal de Port-Gentil pour les actes de pollution massive. 

En définitive, Perenco constitue le plus grand criminel environnemental du Gabon avec des conséquences dommageables sur les écosystèmes terrestres et marins. Imaginez des dégâts importants dans toute la lagune Nkomi sur 90 kilomètres. 

Si Perenco a fait la sourde oreille face au système moribond d’Ali Bongo Ondimba, sans être inquiété, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) doit revoir le dossier de Perenco, pour éviter le pire. 

Carole Moussavou

 

Article du 4 juillet 2024 - 12:16am
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