Alors que le pays est abondamment arrosé par une hydrographie des plus abondantes du continent, la carence d’eau potable constitue le quotidien des milliers de foyers gabonais, notamment en zone urbaine. Dans plusieurs quartiers de Libreville, les habitants se livrent avec résignation à la corvée quotidienne du transport d’eau
Dans la capitale gabonaise, la scène est tristement banale : des femmes, des hommes, voire des enfants à bas-âge, bidons dans les paniers, les brouettes ou sur la tête, convergent vers quelques rares points d’eau. Dans les quartiers populaires comme les PK, Nzeng-Ayong, Sibang,…, les robinets sont régulièrement à sec.
Au quartier Besthaïda, par exemple, dans le 6e arrondissement de Libreville, cela fait plusieurs mois que l’eau ne coule plus des robinets. « On est obligé de se déplacer avec des brouettes pour aller chercher l’eau à l’autre bout du quartier. Ce n’est plus vivable », confie un habitant. Ce manque criant du précieux liquide impacte directement les ménages, les forçant à faire leur lessive loin de leur domicile, avec des coûts supplémentaires de transport ou d’achat d’eau.

Maman Germaine, résidente à Besthaïda, lasse, témoigne : « Avant, l’eau arrivait ici chaque soir. On était obligé de veiller pour remplir les bassines, faire le ménage et la lessive. Mais tout a changé. L’eau ne vient plus qu’une fois par semaine, voire plus du tout. Des agents de la SEEG sont venus nous informer que c’était un problème d’insuffisance de pression. Après, plus rien. Nous sommes obligés d’aller laver le linge chez ma sœur à Nouvelle Cité. Est-ce que c’est normal ? Après, c’est pour recevoir des factures exorbitantes alors qu’on n’a même pas d’eau. Il faut que cela change. »
Pourtant, lors de la mise en service, récemment, de la station de pompage du PK5, le ministre en charge de l’eau avait indiqué que plusieurs quartiers, notamment Nzeng-Ayong, la cité Mébiame, Angondjé, allaient sortir du stress hydrique. Mais depuis là, rien n’a changé.
Pour pallier cette absence d’eau dans les ménages, certains ont recours aux puits. Une solution qui n’est, malheureusement non sans danger. En effet, ces fosses se trouvent parfois au milieu de la route, avec ce que cela comporte comme dangers pour les tout-petits.
Au quartier Saint-Georges notamment, ces puits recouverts, aussi dangereux qu’irréguliers, sont devenus une solution de survie pour des dizaines de familles. On y puise de l’eau, au mépris de tous les risques possibles (sanitaire, sécuritaire), faute d’alternative.
Pourquoi ne pas encadrer l’utilisation de ces oints d’eau pour en faire des lieux de ravitaillement sûrs et accessibles ? Cela éviterait à nombre de familles de devoir acheter de l’eau au prix fort auprès des revendeurs.
A l’aube de cette Ve République, qui ambitionne de redonner espoir au peuple, l’accès à l’eau ne peut plus être une loterie. Les autorités compétentes, en particulier les responsables de la SEEG et les ministères concernés, doivent apporter une réponse structurelle à cette crise hydrique chronique. L’accès à l’eau n’étant pas un privilège, c’est un droit.
